La Prévôté

Lors de son règne, Philippe Auguste veut instaurer une réorganisation administrative du royaume. Il décide alors de mettre en place une infrastructure permettant d’y administrer les biens revenant au Royaume, c’est-à-dire les impôts : les prévôtés. Montlhéry devint ainsi le siège d’une prévôté qui englobait une centaine de paroisses et 130 fiefs sur un territoire s’étendant d’Athis-Mons à Lardy, de la Ferté-Alais à Limours, d’Arpajon à Angervilliers. Elle comprenait une partie de l’ancien Hurepoix et correspondait sensiblement à la demi-surface de notre département actuel de l’Essonne.

 

La Prévôté

C’est Philippe Auguste qui fit construire entre 1200 et 1210 le bâtiment primitif situé à mi-distance de la Porte Baudry et de l’église paroissiale.

Le bâtiment est venu s’appuyer sur l’ancienne enceinte du bourg fortifié de Montlhéry. En 1548, le seigneur engagiste, Louis de Leuville fera exécuter d’importants travaux à la prison et à l’auditoire, tribunal de la prévôté; ces deux bâtiments sont restaurés en 1659 par François de Dinan, avocat au Parlement qui reçoit alors la charge de prévôt.

La partie centrale de l’édifice est constituée d’une tour de 4 mètres de diamètre. Ses deux niveaux de baies en saillie témoignent de réaménagements survenus au cours du XIVème siècle. Deux ailes latérales de même hauteur sont accolées à la tour.

On remarque, sur l’un des montants de la porte du rez-de-chaussée de cette tour, un concave destiné à permettre le passage de barriques. Cette disposition conforte l’hypothèse selon laquelle l’édifice n’a pas été construit à l’usage exclusif de prison; il suggère tout autant une salle de garde ou un bâtiment de stockage lié au péage de la Porte Baudry attestée dès le XIème siècle.

La prison

Les hommes attendaient la sentence, derrière l’immeuble du prévôt où l’on rendait la justice. La salle de l’auditoire était au 1er étage. Tendue de draperies aux « Armes de France », les fleurs de lys d’or se détachaient sur un fond bleu. Au dessus du siège du prévôt, on lisait cette austère devise « Meminerit se deum habere testem » (Qu’il se souvienne qu’il a Dieu pour témoin »). Il s’agissait de la devise des premiers seigneurs de Montlhéry.
De nombreux graffitis ont été mis à jour sur les murs d’une des pièces du bâtiment sur rue, lors du percement d’un passage cocher destiné à désenclaver les anciennes « prisons » : éléments d’architecture, tours, moulins à vent, gibets et scène de pendaison, dates 1692,1693, œuvres sans doute des prisonniers ayant séjourné entre ces murs.

Le bâtiment est aujourd’hui inscrit à l’inventaire des Monuments historiques depuis le 5 février 1937 et a été restauré en 1995.

Le rôle du prévôt

Du début du XIIIème siècle jusqu’à la Révolution, près de 80 prévôts se sont succédés à Montlhéry. Le prévôt avait des fonctions étendues : administrateur et régisseur, il collectait les revenus et rendait la justice. Il avait la charge et les revenus de tous les biens. De nombreux textes réglementaient la vie urbaine et rurale pour des activités telles que le balayage des rues, l’extinction des feux, les droits de glanage, de grappillage, les droits au bois mort de la forêt, la pêche et la chasse, la qualité des  marchandises vendues……

La justice du prévôt

La Justice du prévôt était sévère, les sanctions lourdes et souvent cruelles envers le peuple ou les ennemis du Roi. Malgré les rigueurs de la justice, les infractions aux règlements étaient nombreuses : mauvais payeurs, contribuables récalcitrants, usagers de faux poids et mesures, faux monnayeurs, fraudeurs de toutes sortes, usuriers, commerçants clandestins. Toute une population vivait en marge de la loi et sous la menace de terribles sanctions. Pour les moindres larcins, la justice était impitoyable envers le peuple.

La justice au moyen âge était différente d’aujourd’hui. C’est sous Napoléon que le code de justice a été mis en place avec des emprisonnements de longue durée. A l’époque la prison était un lieu ou on attendait le jugement. Il fallait payer un loyer pour les jours passés. Une fois la sanction prononcée, elle était appliquée. Les prisonniers restaient en général peu de temps en prison, quelques mois maximum. Les sanctions étaient sévères
Un exemple de sanction : « Pour avoir tué sa femme et donné un coup de hache à une de ses filles il a été mis en chemise et conduit place du marché pour y avoir la main tranchée et y être brulé vif. Tous ses biens ont été confisqués ». Les mains tranchées, les coups de fouet, faire bouillir dans l’eau chaude, la pendaison sont quelques exemples de sanctions de l’époque.

Le bourreau

Le bourreau était un homme honni et mis au ban de la société qui le méprisait autant qu’elle le craignait.  Il vivait dans une maison isolée, située aux environs du Château, sur les pentes de la motte. La façade était peinte de couleurs vives qui la signalaient aux passants. A l’auberge, on lui réservait une place à part et on pouvait même refuser de l’y accueillir. A l’église, si on l’autorisait à assister à l’office, sa chaise restait éloignée des autres fidèles. La communion lui était interdite et il ne pouvait se marier que dans une autre famille de bourreaux. Pendant plusieurs siècles, le bourreau était recruté parmi les criminels de droit commun. Puis la charge devint héréditaire et plus lucrative.

Les sentences

A Montlhéry, les arrêts de justice criminelle étaient d’abord exécutés non loin du château, rue des Piliers (aujourd’hui rue Notre Dame), puis sur la Butte des Petits Champs qui domine la ville. Le chemin de la Justice en a conservé le souvenir dans son nom. Cette partie de notre terroir, cultivée de vignes, se voyait de loin, notamment par les voyageurs qui venaient d’Arpajon. C’est donc l’emplacement de la Butte qui fut choisi par les Prévôts pour planter les potences et fourches patibulaires. Celles-ci étaient des colonnes en pierre, à 2, 3 ou 4 piliers en haut desquels était placée une traverse pour pendre ou exposer les suppliciés dont le cadavre restait à la vue de tous. Après avoir été jugé à la Prévôté, le condamné accompagné du bourreau devait traverser la ville et gravir la forte pente qui menait au lieu de son supplice.

En voici quelques exemples :

  • Pour mettre la corde au cou : 5 sols,
  • Pour marquer et fouetter : 5 sols,
  • Pour couper le poing ou la langue : 40 sols,
  • Pour pendre ou étrangler : 80 sols,
  • Pour dépendre : 60 sols,
  • Pour bouillir une personne en eau chaude : 1 écu 20 sols.

Le bâtiment situé 27 Grande Rue accueille maintenant la Maison du Patrimoine.