Les monuments aux morts

Par Jean Lescure

Après la guerre de 1870, des monuments ont été érigés dans certaines communes de France pour commémorer le souvenir de ceux qui étaient morts pour défendre la patrie. C’est le cas, par exemple, de Linas, Etampes et Dourdan, en Essonne. En 1918, les communes sont unanimes pour rendre hommage à leurs Morts et elles n’attendent pas les « instructions » des Ministères pour ériger un monument honorant leurs morts. La loi du 25 octobre 1919 sur « la commémoration et la glorification des morts pour la France » établit le principe d’une subvention aux communes pour l’érection de tels monuments, la loi des finances du 31 juillet 1920 fixe les barèmes de ces subventions.

La plupart des monuments aux morts de l’Essonne sont édifiés entre 1920 et 1925. Montlhéry a inauguré ses trois monuments aux morts, celui du cimetière, celui de la place du marché et celui de l’église, le même jour, le dimanche 23 octobre 1921. A vrai dire, le monument de la place du marché est dédié à ses combattants et non exclusivement à ses morts pour la France (voir la délibération du Conseil municipal, le 4 août 1920), mais tout le monde le considère maintenant comme un Monument aux Morts, situé au cœur de la ville, pour mieux se souvenir des enfants morts pour la patrie.

Montlhéry est la seule commune de l’Essonne à posséder trois monuments dédiés à ses Combattants et à ses Morts pour la France de la guerre 1914-1918 : celui de la place, celui du cimetière et celui de l’église.


.                    Eglise                                           Place du Marché                            Cimetière

L’architecte du monument de la place du marché est Fernand Valeille, qui habitait Montlhéry. Le sculpteur de sa statue en bronze est Louis Maubert (1875-1949), né à Paris mais habitant Brétigny. Cette statue du Polu, lanceur de grenade, a coûté 22 000 francs de l’époque, ce qui n’est pas négligeable, elle a été payée par une souscription publique et une subvention de l’Etat. La statue a été présentée au Salon des Artistes français de 1921. On n’en connaît qu’un autre exemplaire, en pierre artificielle, à Routot (Eure) mais il a été détruit en 2007 à cause de son mauvais état. Ce Monument du Poilu, lanceur de grenade, a été classé dans les 500 plus beaux monuments aux morts de France (Choubart 2014, « L’histoire des 500 plus beaux monuments aux mortsde France »). Cependant, si on regarde bien, on observe une grosse erreur en anatomie humaine sur cette statue : si le Poilu lance sa grenade, il se casse la figure. Le sculpteur s’est trompé de pied d’appel : si le Poilu lance avec sa main droite, son pied d’appel est le pied gauche et non le pied droit !

Le monument aux morts du cimetière, un obélisque sur in piedestal où sont gravés les noms des Morts pour la France de Montlhéry, ressemble à presque tous les autres monuments aux morts qui ont été dressés dans les cimetières de France (voir photo ci-jointe)

Dans les églises de l’Essonne, les noms des Morts pour la France de la paroisse sont presque toujours gravés sur une simple plaque de marbre, fixée sur un mur. A Linas, cette plaque est flanquée de deux grandes statues, qui en font presqu’un monument ; c’est ce que pensent à juste titre les linois. Le monument aux morts de l’église de Montlhéry est plus original. C’est un grand retable en bois situé dans la nef droite de l’église. Il y a un grand crucifix au milieu du retable et les noms des morts de la guerre 1914-1918 sont gravés de chaque côté sur une grande plaque en marbre. Quelques noms ont été ajoutés, sans doute après l’inauguration du monument, sur une petite plaque supplémentaire fixée en dessous du crucifix.