Une tour maîtresse, et non un donjon
L’utilisation du terme donjon est inexacte pour le château de Montlhéry. Des études ont démontré que le donjon des textes médiévaux évoque l’ensemble des attributs architecturaux du pouvoir d’un seigneur : salle de justice, oratoire, logis, etc. La grande tour est alors nommée « tour maîtresse » puisqu’elle domine les autres tours du château.
Histoire
Le premier château
Thibaud File-Étoupe, garde-forestier de Robert II Le Pieux et fils cadet du comte de Montmorency, eut l’autorisation de construire son château en haut du mont de Montlhéry durant la treizième année de règne de Robert II Le Pieux, en 1008.
En 1104, suite à la désertion de la Croisade de Gui de Trousseau, arrière-petit-fils de Thibaud, le château passa aux mains royales par le mariage de Philippe de Mantes, fils illégitime du roi Philippe Ier, et Elizabeth, fille de Gui de Trousseau.
Milon II, frère de Gui de Trousseau, entre 1104 et 1107, décida d’assiéger le château. Louis VI, en personne, vint au secours de la femme et de la fille de Gui Le Rouge, petit-fils de Thibaud File-Étoupe, prises au piège dans la tour, et détruisit le château sauf la tour.
Les reconstructions
Les traits stylistiques du château sont caractéristiques des châteaux philippiens. La reconstruction du château tel qu’on le voit actuellement est attribuée au roi Philippe Auguste.
Après 1358, le château a été en partie détruit par les Anglais, et une partie a été reconstruite à la fin du XIVe siècle. Il est fort probable, de par les moyens financiers ainsi que par les caractères stylistiques, que ce soit Olivier de Clisson, connétable du roi et chargé de la garde du château, qui ait surhaussé la tour des quatre niveaux supérieurs entre 1382 et 1390, les deux premiers niveaux sont quant à eux philippiens. La terrasse date du début du siècle.
Les vestiges du premier château
Les latrines à conduit biais de la tour ouest, la chapelle saint Louis et la céramique sont les seuls vestiges connus du premier château. Le prieuré saint Laurent, la paroisse saint Pierre Au pied de la tour, existait la première paroisse de Montlhéry, saint Pierre. Elle fut par la suite divisée en deux pour créer le prieuré saint Laurent.
La motte des chevaliers de Montlhéry
À 200 mètres au nord du château, se trouve la motte qui a servi de fief a u x c h e v a l i e r s d e Montlhéry, les vassaux du roi.
La légende des latrines
Les arrachements visibles sur l’extérieur de la tour maîtresse ne sont pas la trace de latrines mais celles d’un escalier hors-œuvre de la fin du XIVe siècle.
De nombreuses restaurations
Monument historique depuis 1840, Henri Labrouste commença les restaurations (en briques). Les plus récentes ont permis la réouverture du site au public.
Les châteaux philippiens
Les châteaux philippiens sont les châteaux construits durant le règne du roi des Francs Philippe Auguste de 1180 à 1223.
Le château de Montlhéry est dit philippien de par ses caractéristiques de construction : son appareil en carreaux de grès, son plan géométrique régulier, un logis accolé à la courtine dégageant ainsi l’espace pour une cour, une tour maîtresse commandant des courtines, des tours d’angle et de flanquement circulaires, des archères à fente simple et ébrasement triangulaire, des baies à coussièges, un escalier rampant, un voûtement en ogives sexpartite retombant sur des culots en demi-pyramide renversée.
Un autre exemple de château philippien bien connu en Essonne est le château de Dourdan achevé vers 1222.
La fin du Moyen Âge
Les mâchicoulis sur console, autour du chemin de ronde restauré, l’escalier hors-oeuvre, les baies rectangulaires, ainsi que les cheminées à hotte rectangulaire sont des traits stylistiques de la fin du XIVe siècle.
En 1465 eut lieu la fameuse bataille de Montlhéry qui n’impacta nullement le château puisqu’elle s’est déroulée un peu plus loin dans la plaine vers Longpontsous-Orge. Aucune adaptation à l’artillerie à poudre n’est visible sur le château contrairement au château de Dourdan qui s’est équipé d’archères-canonnières.
En 1591, Henri IV donna l’autorisation aux habitants de démanteler le château. Les pierres furent alors réutilisées pour l’enceinte urbaine, réparer les maisons de la ville, et pour la construction de la maison du seigneur de Bellejame à Marcoussis.
Vera Marques Oliveira