Montlhéry a toujours été une ville qui a privilégié l’enseignement pour ses enfants. En effet, la première trace écrite que l’on a, faisant référence à l’instruction des enfants à Montlhéry date de 1551 et elle concerne les filles. Le prévôt de Montlhéry Jean REGNAULT et Joseph POYNET, procureur du Roy certifient qu’il est utile d’avoir une religieuse hospitalière en l’hôpital royal de ce lieu pour apporter les soins aux malades et pour l’instruction des jeunes filles de Montlhéry. Ils supplient l’abbesse Martume, d’autoriser sœur Magdeleine GILBERT, religieuse en ladite abbaye de devenir hospitalière de l’Hôtel-Dieu de Montlhéry. L’instruction des filles existe donc déjà dans l’enceinte de l’Hôtel-Dieu.
Deux ans après, un document judiciaire mentionne : « aujourd’huy daté des présentes, en la présence de Gérard FONTAINE et Mor PORCHER, notaires royaux à Montlhéry, procureurs pour le Roy, vénérable et discrète personne Maitre François HEDIARD prestre maistre des escholles dudit Montlhéry », … Le prêtre doit certainement enseigner aux garçons.
Pour illustrer le fait que les enfants des notables font leurs études primaires à Montlhéry, on peut noter qu’en 1585 Jehan OLIVIER, seigneur de Leuville, se dessaisit des biens de la succession de Messire Anthoine BOHIER pour que son fils ainé Jehan, puisse aller étudier à l’université de Paris, pour la bonne continuation de ses études.
En 1607, sur le registre paroissial, il est cité le baptême de Marie fille de Pierre CAPOT, maistre d’escole et de Jehanne FROMONT… L’enseignant qui n’est pas religieux doit donc enseigner dans une école privée.
En 1620, une assemblée d’habitants affirme qu’en leur âme, ils ont bonne connaissance que Monsieur Martin FOURRE, maistre escrivain demeurant à Montlhéry, est venu vivre ici à leur demande pour enseigner l’art d’écrire à leur enfants car personne d’autre n’en était capable, que ce monsieur FOURRE est de bonne vie et de bonne mœurs et est capable d’enseigner aux enfants l’art des sciences arithmétiques et reconnaissent qu’il a même plusieurs enfants pensionnaires des environs et enfin qu’il est grandement nécessaire à Montlhéry à cause du grand nombre d’enfants. Et il est rajouté qu’il peut également enseigner l’art des écritures. En 1652, il baille une maison à Montlhéry. A la fin de l’année 1658, en présence du prévôt François de DINAN, une assemblée d’habitants de Montlhéry décide qu’il a payé depuis de longues années des sommes fort excessives pour la taille (impôt direct) et qu’ils ont consenti à ramener celle-ci à 10 livres. Ils considèrent que depuis plus de quarante-deux ans qu’il a œuvré à Montlhéry pour l’éducation et l’instruction dans l’art de l’écriture qu’il a montré et enseigné aux enfants sans avoir quitté la ville sinon à l’occasion de la dernière guerre dernière et aussi qu’il ne s’est pas fait rétribuer de ses peines et de son travail pour les pauvres de la ville ainsi qu’il l’avait promis lors de son arrivée. FOURRE enseignait donc aux pauvres gratuitement. Il va exercer pendant cinquante-cinq ans. En 1654, on trouve trace dans les registres paroissiaux de l’inhumation de Sébastien FOURRE, fils de François maistre escrivain, François étant lui-même le fils de Martin FOURRE.
Revenons en 1620, année où a lieu le baptême de Françoise LEVASSEUR, fille d’Estienne, maistre d’escole et de Charlotte DANET, son parrain Loys LEROYER est le prêtre de Montlhéry. Le même registre donne l’année suivante l’enterrement de Françoise LEHOUX femme de Guy DANET, maistre escrivain à Montlhéry. La famille DANET est sans doute une famille d’enseignants.
En 1660, une autre assemblée d’habitants donne procuration à Nicolas TOLLET, marchand à Montlhéry, pour les représenter en l’instance d’appel indécise au Parlement de Paris, entre Jean LEROY, maistre des petites écoles de Montlhéry, d’une part et Martin FOURRE, d’autre part. Ces habitants veulent permettre à Jean LEROY de monstrer, enseigner à lire et escrire aux enfans desdicts habitans qui doivent avoir toute liberté de faire instruire leur enfant par qui bon leur semble ainsi qu’ils l’ont toujours fait par le passé, Martin FOURRE ayant dépassé les 60 ans ne pouvant plus suffire seul pour les faire. Il y a en effet entre 60 et 80 écoliers et plus 40 pensionnaires venant de Paris.
Un acte de 1661 fait état d’un marché entre deux maîtresses d’école : Louis BOIVIN, une institutrice des petites classes âgée de 67 ans et demeurant à Montlhéry et Louise LEMARECHAL, demeurant également à Montlhéry et âgée de 39 ans. La première fait don de son plein gré de ses biens, meubles et immeubles au profit de la seconde pour y faire conjointement l’exercice de maitresse des petites escolles et instruire la jeunesse pour la bonne amitié et à condition qu’elle demeure avec elle jusqu’à sa mort. Elles n’habitent pas l’Hôtel-Dieu et ce sont donc deux institutrices exerçant dans une école privée. Deux ans après plus tard, elle rappelle l’acte et le déclare nul.
En 1670, une assemblée d’habitants parlant au nom de maistre Estienne REGNARD, prêtre de la région depuis plus de 25 ans, accuse Martin FOURRE, soi-disant écrivain de l’avoir assigné et fait ordonner qu’il soit interdit au sieur REGNARD de ne plus enseigner, ni faire enseigner la langue latine, l’écriture, la lecture sous peine de cent livres d’amende et dommages et intérêts, fondé sur ce que le fait que ledit FOURRE prétendait avoir obtenu en un jugement du 13 décembre 1627. Ils déclarent qu’ils ne sont pas d’avis d’autoriser cette poursuite et au contraire trouvent que Maistre Estienne REGNARD continue d’enseigner et de faire enseigner par son neveu maistre Jean REGNARD aux jeunes, la langue latine, l’écriture, la lecture et de prendre des pensionnaires si bon lui semble ainsi que peut le faire Martin FOURRE. C’est la discorde entre l’enseignement par les religieux et celui par les laïcs.
En 1672, Martin FOURRE charge son fils Sébastien, prêtre à Montlhéry de percevoir les sommes et deniers des pensions des enfants qu’il a eus et de poursuivre les débiteurs. Le mois suivant, Claude FOURRE, son deuxième fils et sa femme Marie BADIEU déclarent que depuis quatorze ans qu’ils sont au service de Martin FOURRE, celui-ci les aurait récemment congédiés. Martin FOURRE aurait ce même jour donné la garde à Marie BADIEU de tous les enfants qu’il avait en sa pension pour continuer à les faire instruire, son mari acceptant de devenir domestique pour enseigner lesdits enfants moyennant cent livres. Le lendemain, Marie BADIEU donne pouvoir à Claude FOURRE pour enseigner aux enfants l’écriture, l’arithmétique et le latin et de recevoir toutes les sommes qui seraient dues. A la fin de sa vie Martin FOURRE se fâche donc non seulement avec le clergé mais aussi avec sa famille !
En 1673, on note l’inhumation de Martin FOURRE, maistre escrivain, âgé de 83 ans, ses obsèques ont lieu en présence de son fils Sébastien FOURRE, curé de Ballainvilliers et de Charles LHERITIER, le mari de sa petite-fille Marie Anne FOURRE.
En 1683, un acte cite Romain GILLETON, maistre d’escolle, demeurant à Montlhéry, se porte garant de Marie et Jean sa sœur et son frère pour le baillage d’un loyer.
En 1700, l’Hôtel-Dieu nécessite des réparations : Frère François ROMAIN, architecte commis par un arrêté du conseil d’Etat, fait un état des travaux à y apporter. A cet effet, il cite que dans l’école une ouverture de croisée sera apportée et il dans le mur du pignon, une porte sera ouverte pour permettre aux enfants de rentrer dans l’école. Rappelons que l’enseignement est prévu dans l’Hôtel Dieu pour les filles.
En 1723, Louis LECREUX, maistre des écoles est cité dans un acte.
En 1759, le curé demande d’avoir le maître des petites écoles pour l’assister lors des derniers sacrements qui lui donnera droit une augmentation de son gage de vingt livres, cette augmentation lui sera également allouée pour assister le vicaire et le chapellain, instruire les enfants de chœur et leur apprendre à chanter.
En 1764, le chapelain de l’église de la Trinité demande la chambre occupée à côté de la sienne dont jouit actuellement le maitre d’école et le vicaire demande une autre chambre également contiguë à celle du maître d’école. Cela nous renseigne sur la façon doit étaient logés les instituteurs à cette époque.
En 1765, le prévôt de Montlhéry reçoit une demande d’un bourgeois de Paris, Jean Baptiste BUGROS DE BRIAIS. Il lui demande la permission de s’établir à Montlhéry pour y enseigner la langue latine, l’écriture, l’arithmétique et pour cela de pouvoir mettre au-dessus de la porte de la maison où il demeurera un écriteau qui indiquera ce qu’il entend enseigner et qu’il prendra des pensionnaires, demi-pensionnaires ou externes. Celui-ci donne une réponse positive, mentionnant qu’il doit prêter serment de bien remplir ses fonctions pour l’éducation de la jeunesse.
En 1786, suite aux arrangements pris pour le logement des ecclésiastiques et du maitre d’école dans la maison de la communauté en 1764, il est nécessaire de faire quelques réparations à l’ancienne classe afin que le maitre d’école puisse continuer de l’occuper bien qu’il n’ait pas cru devoir prendre sur lui de les faire faire ces réparations.
En juillet 1791, l’assemblée municipale se réunit avec les administrateurs de l’Hôtel Dieu pour délibérer sur le fait qu’il n’y avait plus de sœur chargée d’instruire les filles puisque celle chargée de le faire avait quitté l’Hôtel Dieu et qu’il était du devoir de la municipalité de veiller à ce que les enfants puissent bénéficier de l’instruction et pour cela d’obtenir des filles de la Charité une sœur qui puisse le faire. Le conseil demande à ce que la supérieure de l’hôtel Dieu, sœur Hératte, soit autorisée à écrire à la supérieure générale des filles de la Charité de Paris pour en demander une qui puisse faire l’école et l’assurer que la municipalité se fera toujours un devoir de veiller à leur sécurité et qu’on la respecte. Mais 2 semaines après, a lieu le rassemblement qui forcent les membres du clergé à prêter le serment civique « Je jure de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse qui m’est confiée, d’être fidèle à la Nation, à la Loi, au Roi et de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution décrétée par l’Assemblée nationale et acceptée par le Roi. ». Difficile dans ce cas de trouver beaucoup de volontaires !
En août 1791, à l’issue des vêpres, l’assemblée tient une réunion dans la sacristie (lieu habituel pour cela) pour examiner la situation de la Dame Henriette, maitresse d’école des filles. Depuis environ quarante-cinq ans, elle s’est consacrée totalement à l’éducation des enfants à la satisfaction générale. Le maréchal de NOAILLES lui payait un logement en ville qui lui servait également de salle de classe. Malheureusement, le maréchal de NOAILLES est en fuite et le conseil lui octroie donc 100 livres pour payer le loyer.
Fin 1792, le budget de la commune fait apparaître au paragraphe logement du maître et de la maîtresse d’école une somme de 200 livres. Ce qui laisse à penser que l’enseignement par des religieux a disparu et cela annonce également la fermeture prochaine de l’église.
En février/mars 1794 (Ventôse an II) le citoyen Pierre Joseph COTANTIN, ancien maitre d’école de Montlhéry, actuellement secrétaire de la société populaire, a déclaré qu’il avait l’intention d’ouvrir une école pour enseigner la lecture, l’écriture et l’arithmétique dans la commune conformément à la loi. L’assemblée a décidé à l’unanimement de nommer le citoyen pour instituteur. Pendant les 10 ans qui vont suivre, les parents doivent déclarer leurs enfants de plus de six ans conformément au décret sur l’organisation de l’instruction publique. Le lendemain, la citoyenne Marie Magdeleine PRETERELLE, âgée de trente-six ans, épouse du citoyen Pierre COTANTIN, déclare qu’elle a l’intention d’ouvrir une école de filles à Montlhéry. Elle présente pour cela un certificat de civisme du comité de surveillance afin d’être déclarée unanimement par le conseil général. Pierre COTANTIN décède en 1794 (messidor an 2). Son frère le citoyen Nicolas François COTANTIN, instituteur de la commune de Limours, déclare à son tour son intention d’ouvrir une école au lieu et place de son défunt frère Pierre Joseph. De même il présente un certificat de civisme délivré par Limours.
A la fin de l’année 1794 (Frimaire de l’an III), le citoyen Marc KERWAN commissaire pour le canton est mandaté pour examiner dans quelles communes il conviendrait de conserver les écoles primaires et de s’informer sur l’état actuel de l’instruction, les mœurs, les caractères principes et connaissances des citoyens et citoyennes qui dirigent actuellement les écoles primaires.
Début 1801 (Pluviôse an IX), les membres du conseil municipal se réunissent pour statuer sur la réparation d’une porte commune entre eux et le presbytère, le conseil répond que cette maison était nationale et sur le point d’être vendue.
Les réparations nécessaires du presbytère et de la maison de l’instruction publique vont alimenter la chronique de Montlhéry pendant plusieurs années. Si début 1800, (Ventôse an VIII), l’administration centrale du département a autorisé la réparation du presbytère et celle de la maison de l’instruction publique, en septembre 1801, les deux maisons sont prêtes à tomber. Le sous-préfet donne donc l’autorisation d’effectuer les réparations. Mais celles-ci trainent et en novembre 1801 (Frimaire an X), le préfet écrit au maire : « vous sollicitez la confection des réparations à faire à la maison presbytérale et à celle d’instruction publique. Ces travaux sont nécessaires à la conservation de ces deux bâtiments qui sont loués au profit de la République, je vous autorise à l’adjudication au rabais des réparations d’après les devis montant à 184 frs à la maison presbytérale et à 655 frs à la maison d’école ». Au printemps 1802 (Floréal an X), le receveur écrit au sous-préfet : « il faut distinguer le presbytère de la maison dite des prêtres ou vicariat ou d’école ». C’est au presbytère que s’appliquent les ouvrages en supplément. La maison dite des prêtres ou d’école est mitoyenne avec celle du citoyen BOUQUET qui demeure à Paris. Mais en juillet 1802 (Thermidor an X), le bureau des domaines nationaux décide enfin d’allouer au citoyen BUCHERON, maçon de son état à Montlhéry la somme de 220 francs correspondant à la réparation du mur mitoyen de la maison des prêtres avec celle du citoyen BOUQUET.
On peut voir sur le budget de l’an XI (1802-1803), au poste « logement du maître d’école : néant » et en observation, « il a une maison » et au poste « Revenus affecté aux collèges : néant ».
En 1803 (Messidor an XI), un mémoire fait par la municipalité de Montlhéry, nous apprend qu’au chapitre instruction, la ville compte deux pensionnats, l’un de garçons, l’autre de demoiselles.
Le budget de 1806 (An XIV) précise que le maître d’école a son logement dans une maison à cet usage qui doit certainement être l’ancien vicariat. Un nouveau devis réparation pour cette maison est demandé au maçon GENTY en 1807. Le conseil municipal approuve le devis de GENTY mais lui demande de le revoir car quelques-unes des réparations qui avoient été jugées nécessaires lorsque la maison était habitée par un vicaire ne le sont plus maintenant sachant que la commune n’a plus de vicaire. Le nouveau devis s’élève à 147 francs et nous permet d’apprendre que le bâtiment à usage d’école comprend un rez-de-chaussée, un étage et une cave avec latrines, le tout avec jardin, et comprend une classe et une chambre. Le maire, Pierre GAUDRON du TILLAY, procède à l’adjudication des travaux de l’école entre GENTIL et un autre maçon GALLOP, c’est GENTY qui obtient le marché pour 360 francs.
En 1810, le conseil aborde l’éducation gratuite d’enfants de la commune suite à la remarque d’un des membres qui rappelle que l’instituteur est logé gratuitement à condition d’avoir des élèves instruits gratuitement, qu’on ignorait combien il en avait et que leur nombre n’en avait jamais été déterminé jusqu’à présent. Le maire répond alors que l’instituteur (Nicolas François COTANTIN, depuis 1794) lui avait offert de se charger de l’éducation gratuite de huit enfants ce qui semble proportionné à la valeur de son logement et que le choix des enfants ne peut être mieux fait que par les dames de la Charité qui lui semble le plus à même de connaître les véritables indigents. L’instituteur éduquera gratuitement ces huit enfants avec ceux qu’il a déjà et que ces enfants seront choisis parmi l’un et l’autre sexe. Une école mixte avant l’heure ? L’année suivante l’instituteur remet l’accord en question. Il déclare n’avoir jamais déterminé la quantité des élèves et demande une réduction à 6 enfants. Le conseil considère que si le logement du maitre d’école se compose d’une maison entière, il ne reçoit que de faibles rétributions de la paroisse et qu’il remplit ses fonctions avec intégrité. En 1813, Nicolas COTANTIN présente au conseil municipal, une lettre de l’inspecteur d’académie par laquelle « Son Excellence le Grand maître de l’université » autorise le sieur COTANTIN à exercer provisoirement. Ce document montre bien qu’il quitte l’école communale pour créer son propre établissement.
Fin 1817, les membres du conseil municipal délibèrent à la demande du préfet sur l’établissement d’une école d’enseignement mutuel. En effet, le duc DE MAILLE (propriétaire du château de Lormoy à Longpont-sur-Orge) et son épouse, la duchesse souhaitent prendre cette institution sous leur protection. Le maire présente un plan d’un bâtiment qui viendrait en remplacement de l’ancienne école, le devis s’élevant à 3.126 francs. Le conseil adresse alors au préfet une demande d’autorisation de construction d’une école d’enseignement mutuel qui sera dans le même lieu que l’ancienne école. La duchesse DE MAILLE écrit au préfet pour lui signaler que bien que demeurant à Longpont, elle préfère Montlhéry, lieu plus central pour la création de cet enseignement. Au cours d’un nouveau conseil, 777 livres ont votées pour l’ameublement des nouveaux locaux. L’instituteur ne sera pas salarié par la commune, il bénéficiera juste de la somme allouée par le conseil pour l’enseignement des enfants indigents, tel que cela était déjà fait. Le conseil considère qu’étant donné la petitesse du local (10m sur 2m) et son état d’insalubrité, il ne peut plus convenir pour l’école mais qu’il n’existe pas d’autre local dans la commune qui peut servir d’école. Par contre, le terrain attenant au bâtiment où est située l’école peut permettre d’en construire une nouvelle. La duchesse envoie donc une demande au préfet une demande qui lui demande en retour son approbation pour une école lancastérienne. (En 1798, Le britannique Joseph LANCASTER crée une école élémentaire privée destinée aux enfants pauvres. La pédagogie des écoles lancastériennes est basée sur l’enseignement donné par les élèves les plus avancés aux plus jeunes. Ces écoles seront très critiquées au regard de la faiblesse des résultats obtenus et la dureté de la discipline).
En 1819, l’école est construite, la salle peut contenir 100 élèves et le conseil doit délibérer pour en fixer le prix. Il convient d’un prix de 1,25 frs par mois et par élève, l’entretien du mobilier restant à la charge du maître. L’instituteur Nicolas COTANTIN, déclare que bien qu’il ait cherché à connaître l’enseignement de la nouvelle méthode et au vu son âge, il demande au conseil de trouver un autre maître pour le remplacer.
En 1820, il y a 17 élèves indigents admis à l’école d’enseignement mutuel aux frais de la ville. Pour les encourager le conseil municipal vote 150 francs par an pour les récompenser. La même année, le fonctionnement de l’hospice est remanié. Les sœurs de la Charité doivent ouvrir une école gratuite pour les filles indigentes comme cela a déjà été fait pour les garçons.
Entre 1822 et 1831, on assiste à de nombreux échanges entre Nicolas COTANTIN qui, devenu veuf, se remarie en 1825 à 62 ans et est toujours « instituteur de l’enseignement mutuel », le préfet qui voudrait faire nommer à la direction de l’enseignement mutuel le sieur LEPAGE, alors que celui-ci a uniquement servi à instruire Nicolas COTANTIN sur les nouvelles méthodes d’enseignement et le maire et le conseil municipal qui en 1818 ont nommé monsieur LEPAGE pour remplacer Nicolas COTANTIN en attendant son remplaçant.
En 1831, le chef d’instruction de l’école Lancastérienne ayant quitté volontairement le logement qu’il occupait gratuitement dans la maison de l’école appartenant à la commune, le conseil décide que Nicolas COTANTIN qui avait déjà occupé ce logement avant l’établissement de l’école lancastérienne, serait logé au rez-de-chaussée, le premier étant réservé au maître d’école. Lorsque Nicolas COTANTIN décède, son logement et la classe deviennent disponibles.
On voit dans des écrits apparaître un nom : Antoine Nicolas WELCKER suivi de la mention « instituteur de l’enseignement mutuel » et qui exerce dans une maison particulière et compte 21 élèves.
En 1832, le conseil vote pour statuer sur le fait de conserver ou non l’école primaire pour établir une concurrence entre les deux méthodes d’enseignement, il y a 14 votants, 9 contre l’école primaire, 5 pour. Le maire déclare qu’il n’y a pas lieu d’établir une seconde école primaire.
Louise Marguerite BENOIST, institutrice à Montlhéry, est la fille du nouveau commissaire de police qui devait occuper pour son logement les chambres composant le premier du bâtiment consacré à l’enseignement mutuel. En mai, elle prie le conseil de lui accorder le reste du bâtiment, c’est-à-dire la classe, deux pièces, une petite cuisine et le jardin et abandonne la rétribution annuelle de 140 frs qu’elle reçoit du bureau de Charité pour l’éducation de 12 filles. L’enseignement pour les filles est donc fait dans les bâtiments occupés par Nicolas COTANTIN mais il n’y a plus d’école communale pour les garçons. En 1834, elle demande à jouir des avantages que la loi lui accorde pour l’obtention d’un traitement annuel dont le minimum est de 200 frs. Le conseil agréé sa demande à condition d’éduquer au moins 36 enfants pauvres de 4 ans à 10 ans.
Antoine Nicolas WELCKER poursuit son école dans sa maison comme en atteste la monographie de l’instituteur (voir l’intégralité dans le chapitre sur les écoles publiques) : « En 1833 lors de la loi sur l’enseignement nous trouvons le sieur Welcker Antoine installé comme maître de pension depuis 1821 qui reçoit les élèves indigents moyennant une indemnité de 1 franc 50 par élève qui est directement payée par la ville ». Il vendra son école en 1852.
Six ans après, le conseil municipal examine les listes des élèves communaux qui ont fréquenté les écoles de Antoine Nicolas WELCKER et de Louise Marguerite BENOIST qui sont respectivement de 21 et 23.
En 1841, le conseil municipal vote la rétribution d’un nouvel instituteur Yves Charles BIHOREL qui a fondé une école privée en 1828 (Voir la page Bihorel – Resve & Gros -Blaise Pascal). Pendant deux ou trois ans, il y aura des votes pour attribuer plus ou moins de rétribution à l’un ou à l’autre deux maîtres d’école, rétributions souvent contestées par le préfet car il estime qu’Yves Charles BIHOREL exerce non pas au titre d’instituteur communal mais comme instituteur privé car même s’il reçoit dans son école un grand nombre d’enfants de la commune, à charge pour lui d’admettre gratuitement à son école, les enfants indigents qui s’y présenteraient. Lorsque le conseil municipal vérifie les comptes, il apparait que le maire a payé par inadvertance trop de mandats à Antoine Nicolas WELCKER et le maire propose alors que soit alloué à Yves Charles BIHOREL une somme de 200 francs à titre d’encouragement sur celle de 400 francs alloués. En juillet, le préfet suggère l’établissement d’une salle d’asile, mais le conseil remarque l’institutrice communale serait dans l’impossibilité de veiller à la fois sur son école et sur la salle d’asile.
Fin 1843, Un conseiller à l’éducation expose qu’à la distribution des prix de l’école des filles, il avait vu avec peine que l’autorité municipale avait été entièrement méconnue et qu’il avait remarqué que l’instruction répandue chez les enfants laissait beaucoup à désirer.
En 1846, le conseil reconnait à l’unanimité qu’il n’est plus possible de laisser Montlhéry privé d’une école communale de filles. Comme la commune ne possède pas de local adapté, il est décidé l’acquisition d’une maison située place de la Souche appartenant à Mr Menat pour le prix de 15.000 frs. Et en 1847, un impôt extraordinaire est voté par le conseil et adopté par 13 voix contre 12 pour la payer et également 800 frs ont été votés pour les traitements de l’instituteur et de l’institutrice. Madame FELIX, une institutrice de Paris et Henriette BAUDRON, une institutrice demeurant à Montlhéry et fille de la directrice de la Poste, proposent leur candidature et c’est cette dernière qui est retenue. Le conseil fixe à 26 le nombre des enfants qui devront être admis gratuitement dans l’école des filles. L’école ouvre enfin en 1848 après quelques travaux.
Tous les ans, la liste des élèves à admettre gratuitement à l’école est dressée :
Ecole de garçons | Ecole de filles | Asile | |
1849 | 17 garçons | 25 filles | 28 |
1850 | 14 garçons | 26 filles | 36 |
1851 | 19 garçons | 26 filles | 29 |
1852 | 20 garçons | 16 filles | 27 |
En 1852, le conseil décide que la direction de l’école communale de garçons doit être confiée à un instituteur laïque et donc de remplacer Mr WELCKER par son gendre Antoine Alexandre HAUTEFEUILLE.
En 1853, les traitements de l’instituteur et de l’institutrice sont de 400 francs comme l’attestent les lignes du budget concernant l’éducation et celui de Louise Marguerite BENOIST responsable de l’asile est de 300 francs.
En 1857, un anonyme fait un don de deux mille francs à Montlhéry, à la condition de confier l’école communale des filles à des sœurs, pour remplacer Mme BELLANGE, institutrice laïque, qui demande son changement. Le conseil accepte par sept voix contre six à condition que les sœurs soient institutrices communales et donc placées sous l’autorité municipale et qu’elles appartiennent à la congrégation de la Providence de Portieux (cette congrégation administrera 683 écoles communales dans toute la France en 1872). Au cas où la municipalité ne soit plus satisfaite de leur travail, elle aura le droit de les remplacer par une institutrice laïque, mais dans ce cas la rente reviendrait au donateur. En août 1857, Arthur ESPIVENT de VILLEBOISNET, un noble breton qui a épousé Marie PETIT de Leudeville, fait à son tour une donation à la commune de Montlhéry : 800 francs pour du mobilier pour les sœurs et pour l’école et une rente de 100 francs à perpétuité pour tenir l’école communale à perpétuité par deux sœurs.
En 1858, Louise Marguerite BENOIST, la directrice de la salle d’asile, demande son remplacement pour raison de santé. Le maire propose de la remplacer par des sœurs de la congrégation du Sacré Cœur de Jésus dit de Saint-Aubin. Si c’est le cas, Arthur ESPIVENT de VILLEBOISNET fera don à la commune d’une rente annuelle de cent frs 3%, pour augmenter le traitement des sœurs qui dirigeront l’asile et aux mêmes conditions que celles adoptées pour les sœurs de l’école communale qui ont remplacé Mme BELLANGE. Le conseil donne son accord. La donation arrive en juillet en août le conseil vote l’acquisition pour 1500 francs d’un jardin de 325 m2 appartenant à Etienne MARAIS pour la construction d’une salle d’asile, située au carrefour derrière l’église.
La commune est propriétaire depuis longtemps d’une maison située sur la place derrière l’église avec un petit jardin. La première partie du bâtiment sert de logement puis il y a une petite cour et l’autre partie de bâtiment qui a d’abord servi d’école communale de garçons puis de filles et est devenue la salle d’asile. Cette maison de par son emplacement est humide, sombre et difficile à aérer.
En 1860 ?, la commune acquiert un terrain contigu pour y construire une salle d’asile plus adaptée aux enfants et pour qu’ils puissent profiter d’un grand préau pour les récréations. Cette nouvelle salle d’asile sera établie à l’alignement du bâtiment sur toute la largeur du terrain. Le vieux bâtiment servira de logement à la directrice, au rez-de-chaussée, il y aura une cuisine, une salle à manger et le parloir et les chambres seront à l’étage. La salle d’asile actuelle sera convertie en préau couvert.
En 1863, le maire expose qu’il est de la première nécessité de s’occuper immédiatement de la construction d’une école communale. L’acquisition, rue de la tour, de la petite maison de François Peuvrier est nécessaire et se fera moyennant une somme de 6.000 frs. Le devis dressé par Bilbaust architecte est présenté et s’élève à 25.736 frs. Les dépenses se composent :
– prix de la maison des héritiers Allorge, 6.000 frs,
– prix de la maison Peuvrier, 6.000 frs,
– frais d’acquisition 1.300 frs,
– construction de l’école, 25.736 frs,
au total 39.036 frs, d’où emprunt, impôt extraordinaire…
En 1864, certains élèves sont toujours instruits gratuitement dans les écoles :
– école communale de garçons : 21 garçons gratuits
– salle d’asile : 22 enfants,
– école communale de filles : 17 filles.
Fin 1865, Antoine Alexandre HAUTEFEUILLE démissionne car il souhaite prendre la succession de son beau-père Antoine Nicolas WELCKER et demande donc d’ouvrir une école (future institut MOREAU). Dans un premier temps, le conseil propose de faire admettre les enfants inscrits au bureau de bienfaisance dans les deux institutions privées mais rapidement ils demandent au préfet de nommer un instituteur communal et également de lui trouver un logement. Louis Charles Philippe BEZOT est nommé et rapidement demande une augmentation. La même année, une école d’adultes gratuite est créée et fonctionne du 1er novembre au 1er mai avec des horaires compatibles avec la fin de journée de l’ouvrier. Pour cela Louis BEZOT touchera 250 francs supplémentaires.
En mai 1867, le maire rappelle qu’il devient urgent de commencer la construction d’une école de garçons et car le bail du logement de l’instituteur avec Neveu arrive à échéance en novembre ????. Il propose d’acheter aux époux Pierre Petit une maison place de la souche pour 8.000frs, maison bien située au centre de Montlhéry. Sa proposition est acceptée à l’unanimité. En septembre, le maire demande au préfet l’autorisation de l’acheter. La vente a lieu le mois suivant. La maison est située place de la Souche entre la rue aux Chats et celle des Deux Anges. Elle est constituée de quatre corps de bâtiments avec une superficie de 392 m2, composée à savoir :
– une pièce à feu servant de cuisine située sur la rue des deux anges
– deux chambres éclairées, une donnant sur la place de la Souche et l’autre sur la rue des Chats
– une grange en retour sur la rue aux chats
Il y a également un petit jardin derrière
A la fin de l’année, le maire autorise sœur Lambertine, suite à la demande qu’elle lui a faite à ouvrir un petit pensionnat à côté de l’école primaire qui accueillera douze pensionnaires, chacun des dortoirs devant être éclairé et surveillé par une maîtresse. Cette même année, le nombre des garçons fréquentant l’école des adultes le soir devient chaque jour si considérable que le maire doit autoriser l’achat d’une table nouvelle.
En 1868, le maire nomme l’architecte, Monsieur DELAROCHE pour établir le devis de l’école et suivre les travaux. Le conseil vote un emprunt de 9.450 frs pour la construction de l’école de garçons et également un impôt extraordinaire. En octobre, le sous-préfet informe le maire que le ministre de l’instruction publique accorde un secours de 6.000 francs pour cette construction et le département 2.000 francs. Il ne restera plus à la commune que 2.000 francs en augmentant l’emprunt.
En 1873, la supérieure qui dirige l’école des filles et l’asile demande une augmentation des traitements car elle doit employer une cinquième maitresse, pour instruire le nombre d’élèves indigents en constante augmentation. Le conseil lui accorde 2.000francs de traitement pour l’école et 1.500 francs pour l’asile.
En 1875, le nombre d’enfants instruits gratuitement est de 26 pour l’école de garçons, de 28 pour l’école de filles et pour l’asile, il y a 17 garçons et 14 filles. Louis CHAMBERT, instituteur primaire, qui y exerce de 1870 à 1877 demande la diminution la gratuité absolue pour l’éducation des enfants mais le conseil refuse.
A partir de 1878, le rejet de l’instruction publique par des religieuses va être au centre de tous les débats. Cette année-là, une délibération du conseil pour remplacer les sœurs de l’école primaire par des institutrices laïques a lieu. La proposition est rejetée par dix suffrages et un bulletin blanc. L’année suivante, le conseil souhaite que chaque citoyen puisse accéder à l’instruction primaire gratuite. Un nouveau scrutin a lieu pour le remplacement des religieuses par des institutrices laïques : 8 non, 4 oui, 1 blanc. En 1882, un pensionnat avec école primaire au 10 rue Brûlée (Voir le chapitre consacré à l’école du Sacré-Cœur).
En 1883, lorsque Marie-Louise CARRE, la directrice de l’école des filles, démissionne, la mère supérieure propose d’en envoyer une nouvelle pour lui succéder. Nouveau vote du conseil pour la remplacer par une institutrice laïque qui refuse et accepte l’arrivée d’une nouvelle religieuse. Lors de ce même conseil, il est voté l’ajout d’un étage au-dessus de la classe actuelle, l’installation d’un préau couvert dans la cour existante et de celui d’un préau découvert sur la place de la souche.
En 1886, une demande de création d’un emploi d’institutrice adjointe à l’école des filles, est demandé en raison du nombre d’élèves qui bien supérieur à 50 maximum autorisé, et que depuis plus de vingt ans les classes sont tenues par deux institutrices bien qu’il n’y ait qu’un poste de titulaire. Il est urgent de régulariser cette situation… Par qui ?
Enfin en 1887, le conseil vote 7 voix contre 4 pour avoir une institutrice laïque à partir du 1er octobre et demande au préfet de créer un poste d’institutrice ajointe car il y soixante élèves à instruire, ce qui lui sera refusé.
En septembre, le maire Alexandre PROU, informe le conseil d’une lettre du préfet stipulant que l’école maternelle n’a pas été correctement créée et demande au le conseil de la transformer en classe enfantine. Le conseil considérant que cette salle d’asile existe depuis fort longtemps tenue d’abord par mademoiselle BENOIST plus mademoiselle GERARD, religieuse était fort appréciée de la population, demande la création d’un poste d’institutrice adjointe car il y a 80 inscrits représentant plus de 50 présents.
En 1888, a lieu un procès en révocation des donations (rentes et mobilier) faites par Arthur ESPIVENT de VILLEBOISNET en1857 pour l’école des filles. Or, celle-ci a été laïcisée après le refus de la congrégation des sœurs enseignantes de nommer une remplaçante. Mais il n’a été retrouvé aucun mobilier qui avait fait l’objet de la donation car il a sans doute été emporté par les sœurs l’année de l’achat officiel par quatre religieuses des bâtiments de l’école du Sacré-Cœur (voir la page consacrée à cette école).
Nous arrivons donc à la fin du 19ème siècle où Montlhéry possède des écoles publiques qui font l’objet d’une nouvelle page (Les écoles publiques) et des écoles privées qui ont chacune leur page particulière.
A suivre…