Le Sacré-cœur

 

         

En 1857, la municipalité autorise que l’école laïque des filles soit tenue par deux religieuses de la congrégation de Saint-Aubin.

En 1868, Marie Thérèse BLERY, sœur Lambertine en religion, demande l’ouverture d’un pensionnat pouvant recevoir 12 élèves et l’année suivante, Claire COUILLEAU demande l’ouverture d’une école libre avec pensionnat 10 rue Christophe de Saulx.

Après le décès de sœur Lambertine en 1882, Marie DAVID, sœur Catherine déclare qu’elle a l’intention d’ouvrir un pensionnat avec école primaire au 10 rue Brûlée. Elle vient de Criquebeuf-sur-Seine où elle a exercé la profession d’institutrice. Le maire, Alexandre PROU, certifie que le local indiqué est conforme pour la tenue d’un pensionnat. Fin mars, le conseil départemental de l’instruction publique de Seine-et-Oise autorise sœur Catherine à recevoir 27 élèves dans le pensionnat primaire qu’elle dirige à Montlhéry, à charge pour elle de faire surveiller le dortoir.

Mais suite à la loi GOBLET du 30 octobre 1886 qui parachève les lois Jules Ferry (école gratuite, instruction obligatoire et enseignement public laïque) en confiant à un personnel exclusivement laïque l’enseignement dans les écoles publiques et en remplaçant les instituteurs congrégationnistes, le conseil municipal vote en 1887, le remplacement de sœur Catherine par une institutrice laïque.

Mais en 1888, le propriétaire des lieux Ernest DEMAY, ancien avocat à la cour de cassation, vend la propriété à sept personnes dont Marie DAVID, maîtresse de pension. Il est convenu que l’immeuble appartient exclusivement à la survivante de ces sept demoiselles et que mademoiselle DAVID aura seule l’administration de l’immeuble et qu’elles jouiront en commun des lieux pendant leur vie. Nulle part dans l’acte d’achat, il est fait état de l’ordre religieux du sacré cœur de Jésus qui siège à Saint-Aubin-les-Elbeuf (à l’époque Saint-Aubin-les-Boullens). C’est cette même congrégation qui administre l’hospice communal.

Mais à partir de 1902, la chasse aux congrégationnistes se fait sentir et le sous-préfet s’inquiète auprès du maire d’un questionnaire qu’il a envoyé à la directrice du pensionnat et que ce dernier avait été envoyé à Versailles pour tous les postes de la congrégation en Seine-et-Oise par sa supérieure. Le maire, Jean-Baptiste SAINTIN donne lecture de la lettre du sous-préfet au conseil municipal qui est d’avis d’accorder la demande d’autorisation d’exercer des sœurs du Sacré Cœur.

En juillet de la même année, un rapport d’inspection de Corbeil, émet cet avis pour l’enseignement apporté par les sœurs du Sacré Cœur :
– la valeur de l’enseignement est bonne,
– l’esprit qui y règne est assez modéré,
– la tenue de l’établissement est bonne,
– les enfants pourraient être reçus à l’enseignement public,
– cette école reçoit 33 externes et 38 internes qui envoient leurs enfants de Paris à la campagne.

Trois jours après, la sous-préfecture de Rambouillet envoie au maire une note d’extrême urgence demandant s’il s’est créé depuis le premier janvier 1900, un établissement congrégationniste ?

En août, le sous-préfet envoie au préfet la délibération du conseil municipal qui donne un avis favorable à la demande formulée par la congrégation des sœurs en vue d’obtenir pour sa succursale à Montlhéry, l’autorisation prévue par la loi du premier janvier 1901 :
– origine et but de l’établissement, fondé à Montlhéry en 1882, avec un internat et un externat payant de jeunes filles.
– renseignements sur le personnel composé de 9 sœurs avec leur liste
– renseignements financiers : immeuble où se tient l’école d’une valeur de 25 à 30.000 francs et qui appartient à la congrégation. À part les rétributions scolaires, les ressources de l’établissement ne sont pas connues.

La conclusion sera un avis défavorable en ce qui concerne les sœurs de l’école libre mais favorable au maintien des sœurs de l’hospice. L’avis défavorable est basé sur le fait que l’école libre ne peut prétendre à aucun caractère d’utilité publique car il existe à Montlhéry une école publique qui suffit à assurer l’instruction des enfants. L’école congréganiste a été créée et est soutenue par des personnalités dans le but de faire donner aux enfants une éducation hostile aux institutions républicaines.

En juin 1903, un commissaire de police se présente à l’école pour informer les sœurs du rejet de la demande d’autorisation et de se retirer le premier août en fermant l’établissement.

En juillet, le préfet informe le maire que le premier ministre a décidé la dissolution de l’établissement selon la loi du premier juillet 1901 et du 4 décembre 1902 Ce à quoi, le maire répond que la commune n’est pas propriétaire de l’immeuble occupé par les religieuses mais qu’il a été acquis par sept personnes ne 188. Cinq de ces sept personnes sont encore en vie dont madame Marie DAVID. Sur les instructions du préfet, le commissaire Jules GOND, informe Marie DAVID qu’elle a jusqu’au premier Août pour que les membres de la congrégation se retirent. Le 3 Août, un commissaire de police de Juvisy se rend à Montlhéry : « Nous Austin VALET, agissant pour le procureur de la République, nous sommes transportés, nous avons constaté que l’établissement d’enseignement dirigé par la congrégation du Sacré-Cœur était fermé et que celles-ci s’étaient retirées ».

Le lendemain, Anaïs DUSSAUSSAY, une institutrice demeurant à Bihorel-les-Rouen, demande l’ouverture d’un pensionnat de jeunes au 10 rue Christophe de Saulx. Elle vient de Cauldre-les-Elbeuf sans doute mandatée pour cela par a congrégation.

En 1904, c’est Claire BOUFFAY, demeurant route d’Orléans qui demande à prendre la direction de l’école primaire privée de filles avec pensionnat après avoir exercé pendant 10 ans à Trouville comme institutrice titulaire. Elle peut accueillir 26 élèves internes à charge pour elle de faire surveiller les dortoirs par deux maîtresses.

Pendant la première guerre mondiale, les esprits s’apaisent et en 1923 la congrégation des oblates de l’Assomption (congrégation religieuse féminine enseignante et missionnaire de droit pontifical) accepte de prendre la direction du pensionnat. Deux sœurs s’y installent le premier août. En octobre il y a 40 pensionnaires, 12 demi-pensionnaires, 60 externes, encadrées par un personnel laïc qui sera remplacé progressivement par des religieuses.

Marie LAMERAND déclare ouvrir un pensionnat dans l’établissement dirigé précédemment par Claire BOUFFAY. Elle exerçait une activité depuis mai 1923 au 33 grande rue ?

Pendant, quelques années les demandes d’ouverture d’une école primaire vont se succéder :
– 1926 : Eveline LESCURE, née à Montlhéry.
– Début 1929 : dame Marie JACOB de Saint-Omer, sans doute une religieuse.
– Septembre 1929 : Simone CUISSARD, institutrice adjointe dans cet établissement depuis un an mais demande uniquement un externat.
– 1930 : Jeanne HELLEZ
– 1931 : Eugénie DEVARRE. Le conseil départemental l’autorise pour 35 élèves dans trois dortoirs surveillés par trois maîtresses.

En 1938, l’institution nécessite une transformation complète et coûteuse et la direction trouve plus avantageux de partir à la Ville-du-Bois, transfert validé par l’évêque de Versailles. Il reste deux classes enfantines à Montlhéry pour une cinquantaine d’enfants. Berthe HARLE, demande alors l’ouverture et la direction d’une école primaire privée de jeunes filles avec pensionnat.

En 1939, Geneviève FONTAINE demande l’ouverture d’une école primaire privée de filles sans pensionnat, les internes étant partis à la Ville-du-Bois.

En 1945, on y reconstitue une école paroissiale allant jusqu’à la préparation du C.E.P. Plusieurs sœurs dépendant de la communauté de la Ville-du-Bois de la congrégation des oblates de l’Assomption s’y succèderont.

En 1946, Agnès LAURENT, a dirigé le pensionnat du Sacré-Cœur à la Ville-du-Bois de 1942 à 1946 demande l’ouverture pour une école primaire.

La dernière sœur directrice, sœur Odile, dirigera l’école du Sacré-Cœur de 1952 à 1980. En 1980 également, les sœurs oblates de l’Assomption quitteront Montlhéry pour Paris.

En 1980, la nouvelle directrice Marie-Claude TAXIL est une laïque et demande donc l’ouverture d’une école primaire privée avec classes enfantines, rue Christophe de Saulx.

Elle cessera son activité en 1986, et c’est Marcelle FAUJOUR qui lui succèdera puis Monique BAUMIER en 1987.

L’école est sous régime du contrat simple avec l’état et dispense un enseignement maternel et primaire.

En mai 2010, une nouvelle salle de classe est créée et la directrice Martine MARTIN déclare que l’établissement accueille 320 élèves dans 14 classes de maternelles et primaires.

De nos jours, l’école est sous la tutelle de la direction diocésaine de l’enseignement catholique, les sœurs oblates de l’Assomption à Paris fournissent les lieux moyennant un loyer modeste, à charge d’entretien des locaux. Comme pour la plupart des écoles privées catholiques, l’O.G.E.C. association de 1901 veille au bon fonctionnement juridique et financier de l’établissement.